Le Havre, du beau, du bon, du béton ...

Le Havre, où nous avons passé un week-end ensoleillé, est une ville étonnante : ici, point de quartier "historique", de ruelles pavées, de maisons à colombages, d'églises gothiques. La seconde guerre Mondiale est passée par là, laissant un champ de ruines, comme dans d'autres villes des environs, un peu plus quand même. Alors au moment de tout reconstruire ab nihilo, les architectes retenus pour le vaste projet ont fait le choix du béton brut. Pas d'enjolivures ou de circonvolutions, c'est carré, c'est propre, c'est net, c'est béton quoi ! Mais un béton qui a son caractère, une coloration un peu rosée, une texture granuleuse particulière, "bouchardée" à l'aide d'une masse, bref pas de béton gris, sale, désolant, sinistre. Auguste Perret fut le leader qui imprima sa patte au Havre dans les années 50, et il faut dire qu'il n'a pas raté son coup, l'UNESCO qui a classé la ville au patrimoine mondial ne s'y est pas trompée. Une fois passée l'impression totalitaire - larges artères droites, immeubles carrés - l'on trouve vite, sinon un certain charme à l'ensemble, du moins une cohérence puissante. Et comme les municipalités récentes ont tenté de (et réussi à) donner à l'ensemble une touche plus joyeuse, plus dynamique, à coup de nouveaux gestes architecturaux, de perspectives modifiées, de jets d'eau et de passerelles, se promener dans une ville si originale devient un vrai plaisir. Même si le réaménagement de l'ancien port est encore en plein projet, et qu'il faudra du temps et de l'argent pour le mener à bien, et arriver ainsi à une transformation aussi réussie qu'à Hambourg ou Liverpool, autres ports visités l'an passés, et où le résultat est spectaculaire. 



Parmi les réalisations les plus marquantes, j'en retiendrai deux :
- la rue de Paris, la grande percée qui rejoint la place de l’Hôtel de Ville, bordée de ces appartements typiques de la reconstruction ; une visite guidée (par un guide malicieux et gentiment anar) d'un appartement remeublé selon les canons de l'époque, démonte la réflexion très aboutie qui a présidé leur conception, clarté, utilisation de l'espace, sens pratique, hygiène..., une heure passionnante à remonter le temps et à comprendre l'histoire moderne de la ville
- l'église Saint-Joseph, autre œuvre de l'auguste Perret, domine toute la ville de sa tour de 110 mètres ; si vue de loin elle a un aspect soviétique, un quelque chose d'autres bâtiments aperçus à Varsovie ou Berlin, tout s'éclaire lorsqu'on y pénètre : volumes impressionnants et originaux, un puits de lumière ici, des colonnes élégantes là, et des vitraux magnifiques dont les couleurs inondent les lieux le soir venu ; et la nuit, l'éclairage discret et réussi de la tour adoucit un peu plus ses formes tranchées

 
 

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